Issac pendant la 2e guerre mondiale
ISSAC 1944
Mairie d’ lssac, le 2/10/44,
Monsieur le préfet , Vous trouverez ci-joint l’historique de l’occupation allemande à lssac.
Depuis le 11 novembre 1942, l’armée d’occupation a fait peu d’apparitions dans notre commune. Il faut noter cependant, au début de l’année présente, l’enlèvement de la voie ferrée Mussidan-Bergerac, que l’on ait disparaître avec rage et regret. Les Allemands ne laissent rien traîner; la gare est complètement vidée: banquettes, tables, coffre-fort, bascules, etc. Dans le courant du printemps, nous voyons apparaître quelques voitures blindées venues de Libourne, dont les occupants ont pour souci de trouver des vivres; on transporte notamment du bétail, des oeufs, saisis dans une commune voisine. Un peu plus tard, ce seront des chenillettes assez nombreuses: on commence la chasse au maquis dans notre région, mais il n’y a aucune action à signaler. Après le débarquement allié en Normandie, il nous paraît normal de croire que nous ne verrons plus d’Allemands à lssac. Villamblard a proclamé la IVe République, les routes sont barrées. Cependant, la tragique journée du 11 juin à Mussidan, nous laisse prévoir encore quelques mauvais jours. Fin juillet, les Allemands sont à Mussidan; quelques coups de feu sont tirés sur eux à Sourzac. Ce samedi 5 août 1944, vers quatorze heures, les Allemands sont dans le bourg: hommes montés sur des camions et cyclistes. Quelques coups de mitraillettes se font entendre: les Allemands veulent en imposer. A la sortie est du bourg, quelques personnes fuient; elles sont arrêtées, embarquées dans un camion. Une ferme est pillée; on y dérobe une somme importante, du linge, des aliments. Un camion allemand prend la route de Lagudal. A Lespinasse il rencontre une auto dans laquelle se trouvent cinq soldats de la résistance. La fusillade commence; elle est très vive. Dumas René de Bergerac est tué; ses camarades fuient. Le soir, au retour, les Allemands brûlent la voiture. Le calme revient, mais vers 19h30, dans la soirée, la fusillade reprend, car les Allemands regagnent Mussidan. Pendant près d’une demi-heure, il semble qu’une véritable bataille se livre entre Maziéras et le bourg, exactement vers Sandanet. Que s’est-il passé? Le groupe de cyclistes allemands est en position de tir, au bord de la route, en face de Maison-Blanche; il vise la lisière du bois d’en face. Puis, les soldats allemands, toujours tirant, se dirigent vers Maziéras. Ils incendient une maison d’habitation et deux grosses granges vers 21heures. L’émotion est à son comble. Le lendemain 6 août 1944, nous avons appris avec stupeur la mort de deux de nos concitoyens: Paul Petit et Albert Dumont. La veille, ils s’étaient trouvés en présence à Saint-Jean-d’Eraud, des Allemands qui avaient pris à lssac, la route de Lagudal. Les deux malheureux furent sauvagement assassinés. Enfin, le jeudi 10 août, des cavaliers allemands venant de Villamblard par les chemins des bois arrivent dans le bourg vers dix-sept heures. Ils demandent au secrétaire de mairie de les conduire chez un nommé Lacoste. Après quelques heures de visite, les Allemands repartent; leur piste était mauvaise! Pas un incident, pas un coup de feu. Les allemands ne revinrent plus. Plus tard, nous avons appris la mort de deux jeunes combattants: Naboulet André et Naboulé Marcel, tués dans les environs de Neuvic. Notre commune a donc perdu quatre hommes avant la libération. Dans le cimetière d’Issac dorment maintenant: Paul Petit, Dumont Albert René, tués le 5 août 1944.
Jean Drébetz, instituteur à Issac et secrétaire de mairie
Sources: AD24: 1573 W 8